Galeries permanentes
LA ZONE
15 rue de la Folie Méricourt
75011 Paris

LES ARTISTES ET LA MER
9 rue de la Blatrerie
35400 Saint-Malo

Expositions
SALON DE L’ÉCOLE FRANÇAISE / Versailles 2024
- Au « Carré à la Farine », Invité d’honneur
MICROSCOSMES / Paris 2024
- Galerie de la Zone, avec le designer Etienne Boguet
SALON DE L’ÉCOLE FRANÇAISE / Versailles 2023
- Au « Carré à la Farine », sculptures et dessins
AUTRES MONDES / Paris 2022
- Galerie de la Zone, dessins à l’encre de chine
TERRE & MER / Paris 2021
- Galerie de la Zone, avec André Martinat, peintre
MOBILIS IN MOBILE / Paris 2020
- Galerie de la Zone, avec Wandrille Leroy graveur.
SALON LIGNE & COULEUR / Paris 2019
- Orangerie du Sénat, Palais du Luxembourg
ENVOL / Paris, 2019
- Galerie de la Zone, sculptures et dessins
SALON ARANIMA / Bruxelles 2018
- SR Gallery, Sculptures
SALON LIGNE & COULEUR / Paris 2018
- Mairie du Vème Arrondissment, Sculptures
SALON ARANIMA / Paris 2017
- Galerie Thuiller, Sculptures
BIENNALE D’ARTS PLASTIQUES DE L’AIGLE / Normandie 2017
- Invité d’honneur, sculptures
SALON ARANIMA / Paris 2015
- Galerie Thuiller, Sculptures
SALON ARANIMA / Paris 2014
- Galerie Hip, Invité d’honneur
EXPOSITION PERSONNELLE, Paris 2013
- Galerie François Bansard, sculptures
BIENNALE DE SCULPTURE ANIMALIÈRE / Rambouillet 2013
- Sculptures et dessins
ARANIMA / Alençon et Argentan 2013
- Expositions dans des hôpitaux
ANIMALIER MONUMENTAL / Nantes 2013
- Expositon dans le Château de Goulaine
« RAT D’ART VOLANT » / Millau 2013
- Concous d’art contemporain, Grand prix du Public
BIENNALE D’ARTS PLASTIQUES DE L’AIGLE / Normandie 2013
- Exposition et Prix de sculpture
Parcours

1947-1950
- Naissance en France et premières années au Maroc
1965-1970
- Diplôme DPLG en architecture, à l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-arts de Paris – atelier PINGUSSON
1970-1971
- Architecte et urbaniste au Congo-Kinshasa
- 1973-1974
Master of Architecture à la Graduate School of Fine Arts, University of Pennsylvania – studio de Louis KAHN, à Philadelphie
- 1975-1993
Architecte et urbaniste à Paris
- 1994-1998
Formation en modelage, moulage et taille directe aux ateliers des Beaux-Arts de la Ville de Paris : Atelier Eva GODSICK & Atelier Sylvie LEJEUNE.
À Propos
Une coccinelle en marbre noir, posée sur une feuille en bois de cèdre ; un cachalot furieux, un faucon crécerelle, une panthère noire, des grues cendrées… Entrer dans l’atelier d’Alain Courtaigne, c’est embarquer à bord de l’arche d’un nouveau Noé. Les animaux y sont rois et tous semblent là minéralisés en pleine action. Sauvages et magnifiés, leurs lignes épurées et leurs gestes synthétisés les rendent totémiques, héraldiques. Patient, exigeant, depuis bientôt trente ans l’artiste sublime la liberté faunesque. Animaux animés, vous auriez donc une âme…
Jeune homme, déjà, le futur artiste maniait le ciseau et les maillets, expérimentait la taille directe en autodidacte. « Mais pour rassurer mes parents, ou pour me rassurer moi même, je me suis dirigé vers l’architecture » raconte-t-il. À l’École nationale supérieure d’architecture des beaux-arts de Paris, au milieu des années 1960, il conçoit quelques assemblages, en tissu notamment. Déjà, ses sujets sont animaliers, issus de rêves et imprégnés de mémoire. Les photographies du magazine La vie des bêtes, auquel il fut abonné enfant, par exemple : les reportages sur les espèces menacées l’ont toujours fasciné. Tout comme une certaine raie venimeuse, dont il fallait se méfier, lors des vacances familiales dans le Bassin d’Arcachon. « Je me souviens d’un pêcheur qui n’arrivait pas en tirer une. Il s’était fait aider, pour la harponner, par un jeune garçon qui pétait de trouille. » À l’époque, Alain lisait des romans d’aventures, signés James Oliver Curwood, Jack London ou Rudyard Kipling ; sans oublier Herman Melville et son Moby Dick.
Diplômé en 1970, le jeune architecte embarque pour l’Afrique. Fort des leçons du moderniste Georges-Henri Pingusson – adepte de l’Esprit Nouveau de Le Corbusier – et de celles d’Aymeric Zublena – qui construira notamment le Stade de Saint-Denis près de Paris – il dessine des bâtiments. Et découvre une collection spectaculaire de bois sculpté : « À Kinshasa, quelques salles d’une mission de Pères Blancs étaient remplies de fétiches Bakongo. C’était et cela demeure lunaire, pour moi.»
Il séjourne ensuite à Londres, puis à l’Université de Pennsylvanie, dans l’atelier Louis Kahn, où il réalise ses premières eaux fortes, sérigraphies et lithographies. « L’espace comme valeur essentielle dans l’architecture » voilà ce qu’il retient essentiellement de cet ultime enseignement. La sculpture l’intéresse toujours, mais son professeur soutient qu’il ne faut pas la confondre avec l’architecture… Rêvant d’espace et de lumière, passionné par les matériaux, de retour à Paris Alain Courtaigne entame une carrière de bâtisseur, aussi florissante que frustrante. Vingt cinq ans durant il lutte, s’étouffe dans les obligations, les réglementations, les budgets… Seul le temps du dessin, du projet, l’enchante.
En 1992, il jette l’éponge, empoigne à nouveau le ciseau. Deux années durant, dans les ateliers de la ville de Paris, il s’adonne au modelage, dessine des nus d’après modèles vivants, étudie la morphogenèse avec Sylvie Lejeune pour professeur. « Les animaux sortaient immédiatement, et toujours. Des animaux imaginaires. » Un collectionneur lui commande un hippopotame ? « L’Afrique est revenue. » Elle ne le lâchera plus. Les animaux, non plus. « L’année où il y a eu des papillons, j’ai fait un papillon. Puis, je me suis installé à la campagne, et les fouines mangeaient mes pigeons. Alors, j’ai fait des fouines. » Quelques saints patrons, commandés par des institutions religieuses, viennent également peupler l’atelier. Saint-François en particulier, celui qui parle aux oiseaux…
Sobriété, majesté : au fur et à mesure des créations, les lignes gagnent en simplicité, aiguisées par une pratique toujours plus calligraphique du dessin. Et les masses deviennent plus denses. Louvoyant parfois à la lisière de l’abstraction, elles n’y basculent cependant jamais. « Je tiens à rester lisible. Ce n’est pas une limite, c’est une ambition. » Le monumental morceau de bois ou de pierre, soigneusement choisi, est dégrossi sans être dénaturé : la forme animale, en s’y inscrivant, l’épouse admirablement. Tendue, saisie en action, elle occupe intensément l’espace et, ce faisant, lui rend hommage. « Le point de départ, c’est souvent une commande, une panthère noire appuyée à un arbre par exemple. Ensuite, le bloc choisi doit contenir la forme. Savoir ce que recèle le bloc, c’est ça, la taille directe. » Au commencement, « il faut matérialiser l’idée, au minimum, à l’aide d’un petit croquis. C’est déjà un compromis. Car la taille directe, ça devrait être intuitif. Mais maîtriser l’ex-corporation, à priori, c’est impossible. »
Toujours, Alain Courtaigne goûte « le plaisir qu’il y a à développer un instant. Il suffit de très peu de temps pour attraper une image. Ensuite, on la fait grossir.» Sculpteur d’apparitions plus que de définitions, si les animaux qu’il conçoit sont à ce point emblématiques, peu bavards, jamais triviaux ni même anecdotiques, c’est que la justesse de leur attitude est aussi cultivée que l’onirisme de leur mystère.
« J’essaie de représenter l’animal dans un milieu. Le plus possible, j’indique le milieu. Je suis plutôt un naturaliste qu’un animalier. » Quintessence de cette particularité, caractéristique du sculpteur au passé d’architecte : les figures qui affleurent ou effleurent : méduses aux longs filaments caressant des poissons, canards louvoyant parmi les roseaux ou encore fameuses raies, émergeant de l’eau : « Enfant, elles me fascinaient car elles passaient juste sous la surface. J’avais l’impression de voir des fantômes. Et puis, enfant encore, j’ai vu disparaître un monde, sous les eaux du barrage de Bin el Ouidane. Mon père travaillait à sa construction, au Maroc. Les villes en ruine m’intéressent particulièrement. Elles font songer à des madrépores, des réseaux coralliens. Une ville, c’est un trésor d’espaces disait Louis Kahn. Un de ses élèves disait quant à lui que le monumental, c’est ce qui est destiné à combler une absence. Cela me rappelait le Monument aux marins perdus en mer, qui est à Arcachon. »
Pour renouveler son inspiration, aux visites de zoos l’artiste préfère la collection de photographies et de films, et aussi, désormais, la chasse aux images sur l’Internet ; avec une préférence pour les reportages « qui surprennent les animaux dans leur milieu, leur terrier… leur intimité. J’ai ainsi trouvé récemment un documentaire sur les colibris, qui vibrent comme des bourdons, filmés au ralenti. Le mouvement complexe de leurs ailes, leur vol tête en bas, c’est époustouflant. Les mouvements des grenouilles qui les attaquent, aussi. Ou encore, leurs nids minuscules aux allures de cocons. »
Que de bêtes ! Quid des hommes ? « Je n’en fais pas, c’est vrai. Sans doute par pudeur. Le portrait, l’humanité ? Pour moi c’est un morceau trop gros à avaler. Et je préfère montrer les animaux qui se raréfient. Les hommes n’ont pas besoin de moi, ils sont nombreux. Et le monde des animaux est plus accueillant que le leur, plus exempt de stratégies, bref, différent. Sans que cette différence soit définissable. Je ne fais pas non plus d’animaux domestiques, car eux non plus ne sont pas menacés. Leur écosystème s’étend même, aux dépens de l’écosystème sauvage. Tout pâturage est aux dépens de la faune.»
Apothéose de cette aventure : Notre monde, colossale tour haute de six mètres cinquante, taillée en 2013 dans un tronc de séquoia ! En bas, le « chaos initial », au-dessus, « le temps éternel symbolisé par la tortue, puis le temps dynamique incarné par le dragon, puis viennent les animaux marins, terriens, aériens, les nuages et finalement, tout en haut, une ville déserte. Un crescendo vers la civilisation et une menace sur le tout… » Alain Courtaigne est peut-être un écologiste militant. Il est certainement un éternel romantique.
Françoise MONNIN, rédactrice en chef du magazine Artension